MOZART : Grande Messe en Ut mineur

La Grande Messe en ut mineur de Mozart (KV427) est son œuvre religieuse la plus accomplie (le Requiem étant resté inachevé).
L’ampleur chorale, la beauté des airs confiés aux solistes, en font un des chefs d’œuvre du classicisme. Composée en 1783 après un vœu fait par Mozart à son père pour le mariage avec Constance Weber (elle était gravement malade), cette Messe profita de la toute récente découverte par Mozart des œuvres de Bach et Haendel, qui influencèrent l’écriture chorale contrapuntique (pour double chœur) et les airs dramatiques de la Messe en Ut. Créée à Salzbourg en 1783, c’est un sommet de l’œuvre de Mozart, qui ne composera plus ensuite de musique religieuse, à l’exception de la commande du Requiem. On est proche de la dimension universelle de la Messe en Si Mineur de Bach, avec cette œuvre où Mozart se dégage avec génie du style rococo des œuvres religieuses salzbourgeoises, pour atteindre une monumentalité visionnaire.

L’œuvre demande un effectif conséquent, puisqu’elle est prévue pour un double chœur, un quatuor de solistes (deux sopranos, ténor et basse) et un grand orchestre. Elle est constituée d’environ une douzaine de mouvements, selon la décomposition choisie, et reprend de manière assez classique la liturgie catholique romaine de la messe : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Benedictus… série à laquelle il manque la pièce finale (Agnus Dei). En effet, l’œuvre est hélas incomplète, et non achevée (au contraire du Requiem, dont Constance fit terminer l’écriture par François-Xavier Süssmayr,  élève du maître,  afin d’obtenir le paiement de la commande de l’œuvre). Le Credo est également incomplet, puisqu’il nous manque tous les textes après l’air Et Incarnatus est.

Voici la composition de l’œuvre :
– Kyrie (chœur et soprano)
– Gloria
•      Gloria in excelsis Deo (chœur)
•      Laudamus te (soprano)
•      Gratias agimus tibi (chœur)
•      Domine Jesu (soprano I et II)
•      Qui tollis (double chœur)
•      Quoniam tu solus (soprano I et II, ténor)
•      Jesu Christe (chœur)
•      Cum Sancto Spiritu (chœur)
– Credo
•      Credo in unum Deum (chœur)
•      Et incarnatus est (soprano I)
– Sanctus (double chœur)
– Benedictus qui venit (quatuor et double chœur)

L’œuvre entièrement renferme tant de beautés au détour d’un chœur, d’un air…
On reconnaitra par exemple des emprunts aux contrepoints baroques de Bach ou Haendel ; et en effet la vie de Mozart nous éclaire sur ces influences, puisqu’il venait tout juste d’approfondir l’étude de cet art et cherchait certainement à l’expérimenter.  À titre d’exemple : la fugue sur le Hosanna dans les Sanctus et Benedictus qui venit, ou encore celle du Cum Sancto Spiritu. L’allusion à l’Alleluja du Messie de  Haendel est assez flagrante sur la série de In excelsis déclamés par le chœur à l’unisson dans le Gloria in excelsis Deo.

Ecoutez le Jesu christe, extrait de l’enregistrement de cette messe par le New Philarmonia Orchestra et le John Aldis Choir, dirigés par Raymond Leppard (édition EMI Classics) :