HAYDN : La Création

Oratorio en trois parties pour solistes, chœur et orchestre

Donnée le 29 avril 1798, au Palais du Prince Schwarzenberg, l’oratorio « La Création » de Haydn est aussi la création du genre de l’oratorio allemand.

La Création est donc un oratorio en trois parties pour voix solistes (soprano, ténor et baryton), chœur et orchestre.

Les personnages, Raphaël, Uriel et Gabriel pour la partie narrative et Adam et Ève pour la partie terrestre, vont raconter les six jours de la création. Mais le texte originel de la Bible (chapitres 1 et 2), texte de cosmogonie, texte fondateur, n’est pas suivi. Il y a certes de nombreuses citations bibliques, mais le livret devient un scénario dramatique pour l’avènement du triomphe de l’homme. Des versets de psaumes sont intercalés. On est loin de la notion de paradis perdu cher à Milton. Le péché originel ou la « chute» sont à peine effleurés. Non, c’est le soleil de l’humanité qui se lève, et tant pis pour les traditions religieuses. La première partie décrit les 4 premiers jours de la création, du passage des ténèbres à la lumière et à sa célébration.

Le deuxième jour parle du firmament et de la voûte étoilée, mais surtout la création de la vie.

Le troisième jour fixera l’ordre du jour et de la nuit, mais avant tout l’apothéose de l’humain qui prend possession du monde.

Tour à tour, évangélistes et témoins, les archanges Raphaël, Uriel et Gabriel s’uniront à la fin pour les chants de louange. Récitatifs élaborés et airs proches des arias d’opéra se succèdent. 34 morceaux forment la structure de l’œuvre.

La première partie est saisissante car elle s’ouvre par une description extraordinaire du chaos et de l’informe. Du Chaos originel et le souffle divin va jaillir dans un torrent de notes et d’effets la Lumière. Éruption volcanique triomphale et spectaculaire des ténèbres vers la lumière, de l’incréé vers la création de toute vie sur terre, humaine comprise. La lave en fusion de la musique emporte tout. Ce passage est novateur, presque prophétique de la musique à venir plus tard dans le siècle. L’ombre, source du mal et pour Haydn surtout de l’ignorance est vaincue, le serpent aussi.

La seconde partie de l’oratorio est celui de la création de la vie et les cinquième et sixième jours sont évoqués. Cinquième jour, célébration du règne animal, sixième jour enfin célébration de l’homme au milieu d’un bestiaire complet afin de témoigner consciemment de la création et donc de savoir qui est son créateur.

La troisième et dernière partie est l’apothéose contemplative et sensuelle de la joie humaine d’exister. Haydn utilise ici en fait des moyens relativement simples: récitatifs, intervention de chœurs, trios vocaux qu’il reprendra dans le pendant terrestre et quasiment païen que seront Les Saisons.

À propos, Haydn en allemand signifie païen.

Malgré cette simplicité, cette musique est unique, prémonitoire, littéralement inouïe.

Apothéose de la musique descriptive de son temps, et ce à partir de bien naïves enluminures, apothéose de l’hymne à l’amour par cette longue découverte éblouie d’Adam et Ève, La Création reste un de nos plus beaux livres d’images. Cette œuvre tardive de Haydn ruisselle de splendeur et de fraîcheur, reste un des piliers fondateurs de la musique occidentale et est aussi d’un grand optimisme.

Mozart disait: « Seul Haydn connaît le secret qui permet à la fois de me faire sourire et d’atteindre le plus profond de mon âme ».

La Création en est l’apothéose.